Nos échanges discursifs connaissent un travers, particulièrement répandu aujourd'hui, étiqueté depuis Harry Frankfurt<:B> « bullshit » : il consiste à dire très sérieusement n'importe quoi, à « baratiner », à raconter des balivernes, des fumisteries, du « vent », sous couvert apparent de décrire ou d'expliquer des données du réel.
L'ouvrage de Paul Amselek <:B>se propose d'épingler ce travers plus spécialement en philosophie : il évoque, illustrés par quelques exemples, les cas de figures les plus typiques du « bullshit philosophique » (l'esquive, la fuite en avant, l'enfumage et le double langage), tel qu'il sévit en philosophie du droit et de l'éthique, mais aussi en philosophie de la science ; dans ce dernier domaine règne encore sans partage, à l'abri de tout esprit critique, un discours archaïque extravagant relatif à la démarche des savants et aux lois scientifiques, toujours conçues, sans qu'on en ait clairement conscience, sur le modèle des lois juridiques. C'est, en même temps, l'occasion pour l'auteur d'apporter des éclairages nouveaux ou plus décapants sur quelques questions philosophiques cruciales (comme les jugements de valeur, la liberté des interprètes ou le problème classique de l'induction).